Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

transhumances humanitaires

24 avril 2009

Bijli

Ça commence à Dhaka il y a deux semaines. Nous avons une formation sur le « plan de contingence». En cas de catastrophe naturelle (cyclone, tremblement de terre par exemple pour nous) au Bangladesh ou dans les pays avoisinants, quoi mettre en place ?

Meeting très intéressant : comment se préparer, comment agir pendant un cyclone, pré-identifier des fournisseurs pour des distributions des kits de survie pour les jours qui suivent la catastrophe, comment transporter ce matos, comment le distribuer, quels moyens matériels et humains… et on conclut cette réunion en disant qu’il faut se speeder, parce que la saison des cyclones commence le 10 avril.

Je rentre sur la base de Cox’s le lendemain, me remet au boulot, tout va bien. Deux jours plus tard, je reçois sur ma base la visite de Daniel, chef de mission, et de Florence (directrice des opérations, certains membres de la famille la connaissent bien…)

Et le premier soir, Daniel me dit : « Franklin, regarde ça, on a un premier cas pratique ! »

Et c’est quoi « ça » ?

C’est un site internet, avec la belle carte de la région :

bijli

Et voila, heu, on a dit quoi déjà la semaine dernière dans ce meeting très intéressant ? (c’était l’après-midi, l’heure de la sieste, ça devrait être interdit de faire des meetings intéressants à l’heure de la sieste…).

(Et puis moi je ne devrais pas dire des trucs comme ça sur mon blog public, que mes collègues peuvent lire. Non Daniel, je n’ai pas dormi pendant ta présentation, c’est pour la dramatisation du récit, c’est mieux si je suis un peu à la rue et pas tout à fait prêt… et puis c’est du second degré…)

Bon, restons calme, on est mercredi, la tempête ne doit arriver sur la côte que samedi matin. Et puis ce n’est qu’une tempête tropicale (le truc juste en dessous du cyclone), et puis elle a bien le temps de perdre en intensité et de dévier se trajectoire en touchant terre avant Cox’s. Oui mais elle peut tout aussi bien maintenir sa trajectoire et se renforcer. Les jours passent, vendredi arrive, ça se précise. Le matin, rendez-vous au HCR pour faire le point avec les différentes agences sur les moyens disponibles pour pendant et après. Et là, la pression monte, tous les monde parle de cyclone (nous, nous ne parlions entre nous que de tempête tropicale), et les moyens disponibles sont assez impressionnants. Le WFP dit qu’il a à disposition des stocks de nourriture pour une semaine, le croissant rouge parle des évacuations de plusieurs centaines de milliers de personnes…

Il faut savoir que pas mal de choses ne tournent pas forcement rond dans ce pays : le sens de circulation panneau(quand on traverse, les voitures viennent du mauvais côté), leur façon de hocher la tête (le menton ne bouge pas et le front oscille de gauche à droite. J’ai toujours pas réussi à savoir si ça voulait dire oui ou non), ou les panneaux de circulation…

S’il y a bien un truc qui est bien rodé, c’est la préparation aux cyclones. Beaucoup de bâtiments publiques, comme les écoles par exemples, sont construits sur pilotis et servent d’abris en cas d’alerte cyclonique. C'est-à-dire que depuis l’indépendance en 1970, les cyclones sont responsables de plus de 500 000 morts. Le mécanisme de prévention est donc plutôt bien rodé, à tel point que j’ai entendu dire que les Etats-Unis se sont inspirés du système bangladeshi à la suite du cyclone de la Nouvelle-Orléans.

 

piloti

Dans l’après-midi, nous continuons nos préparations, acheter du crédit pour son portable et le charger (l’électricité pourrait être coupée), faire une réserve de cigarettes et de bouffe, protéger les fenêtres au bureau et à la maison, acheter des parapluies… les denieres informations nous confirment que la tempête se dirige bien vers nous, et qu’elle doit frapper vers minuit. Arrive le soir, et ça se met à franchement souffler, vers 20 heures. De belles rafales de vent, de la bonne pluie… nous commençons à légèrement nous inquiéter, nous nous disions que ça n’étais que le début, que le gros allait venir dans quelques heures… mais non, c’était bien la tempête qui était là, elle a touché terre entre 19 et 21 heures. C’était donc effectivement une petite tempête tropicale, et non un cyclone, peu ou pas de dégâts matériels dans la ville ou dans les camps, pas d’évacuation massive…

Juste un vrai exercice grandeur nature pour un éventuel cyclone…

Publicité
Publicité
11 avril 2009

Dhaka

Déjà deux semaines… comme prévu, tout passe très vite…

Je suis en ce moment à Dhaka pour des formations et des briefings. Mercredi dernier, formation administration/finance. Dans ma triple casquette (logisticien, administrateur et responsable de base), c’est évidemment la partie admin que je maitrise le moins. Me voici donc avec ces messieurs les comptables de Dhaka, l’admin de ma base, celui de l’autre base (Barguna) et le responsable de l’autre base. Je suis le seul expat (à part les formateurs). Et nous parlons pendant toute la journée de code comptable, de budget, de ligne financière, de plan de financement, j’en passe et des meilleures…

Nous avons aussi un invité, un birman, qui est admin de la base ACF qui se trouve seulement à quelques kilomètres de la frontière entre la Birmanie et le Bangladesh. Le contrôle des mouvements est tel dans son pays qu’il lui est plus facile de venir au Bangladesh que de se rendre à Rangoon… il travail sur cette base depuis 4 ans, et n’a jamais visité le bureau d’ACF dans la capitale. Cette base est la lus grosse base d’ACF, me semble-t-il, depuis la fermeture du Soudan. A vol d’oiseau, ils ne sont qu’à quelques dizaines de kilomètres de Cox’s… Nous travaillons auprès des mêmes populations Rohingya, mais évidemment, les problématiques sont assez différentes de part et d’autre de la rivière Naf…

Le contexte est toujours aussi passionnant et compliqué. Dans cette bande de terre comprise entre la mer et la rivière Naf, il y aurait autour de 200 000 réfugiés. Certains sont ici depuis plus de vingt ans. Les bangladeshis sont à peu prés aussi nombreux. Sur ces 200 000 réfugiés, seulement 37 000 sont enregistrés et vivent dans les deux camps « officiels », financés par des bailleurs internationaux, majoritairement le HCR. C’est dans ce cadre que nous développons actuellement nos premiers programmes de nutrition, de sécurité alimentaire et de santé mentale.

Le programme de nutrition est un programme assez classique pour ACF. Nous faisons tourner un centre de renutrition dans chaque camp : prise en charge partielle des enfants de moins de 5 ans malnutris aiguës modérés (il y a évidemment des critères précis pour définir cela), des femmes enceintes et allaitantes (complément alimentaires et vitamines), et surtout des enfants malnutris aiguës sévères, avec accueil de jour et trois repas de plumy nut.Nous avons actuellement une trentaine d’enfant dans cette situation. Comme me disent mes collègues nutritionnistes, c’est effectivement un peu difficile de voir des enfants dans cette situation, mais quasiment tous les enfants qui entrent pour ce traitement s’en sortent. C’est donc un lieu plein de vie !

Le programme de sécurité alimentaire est le développement de roof garden. Dans les camps, il n’y a pas de terre cultivable, nous distribuons donc des graines de pantes grimpantes qui donnent des fruits et des légumes sur les toits.

Nous avons aussi un programme de santé mentale. Ce programme est encore dans sa phase de mise en place, nous devrions proposer aux femmes et aux enfants du camp un soutient psy, avec des entretiens personnalisés ou en groupe. Une autre partie du programme est de la formation psy pour les employés ACF qui font tourner les centres de nutrition.

C’est pour l’instant ce qui nous occupe, ce qui fait tourner la base. Mais depuis quelques mois, un nouveau camp non officiel est en train de se créer. Je ne peux pas encore trop en parler… nous étudions la possibilité de faire une réponse d’urgence pour ce camp, c’est en faite pour ça que je ne veux as trop en parler, je ne sais pas encore ce que nous allons pouvoir mettre en place ou non. Tout ceci se décide en ce moment, dans les ministères, dans les agences de l’ONU concernés (WFP et UNICEF, pas le HCR, justement, ce n’est pas un camp officiel…), chez les bailleurs… ce qui semble se dessiner c’est que MSF pourrait commencer du travaille sur le terrain d’ici deux semaines, et peut-être ACF une ou deux semaines après… je détaillerais ça dans un prochain article…

En attendant, j’ai demain une nouvelle formation sur le plan de contingence à mettre en œuvre en cas de catastrophe naturel. Je dois entrer a Cox’s Bazaar lundi.

Je suis allé diner jeudi chez Nishan Chakma, un ami d’Amarjib, qui a fait quatre ans d’étude en France, très cool. J’ai partagé avec lui la situation dans les Hill Tracts, et nous avons évidemment parlé de Moanogar et des Enfants du Montola…

4 avril 2009

Intro

Salut tout le monde,

Ça y est, repartir sur une mission longue, ça fait du bien de s’inscrire dans la durée après les courtes parenthèses française et éthiopienne…

Me voici donc sur la base de Cox’s bazaar, dans la mission Bangladesh d’ACF, pour au moins les neuf prochains mois.

Pour notre organisation, la mission Bangladesh est une toute nouvelle mission (ouverte il y a moins de deux ans). Et la base de Cox’s est la plus récente du pays, ouverte seulement depuis la fin de l’année dernière. En comparaison, mes deux missions précédentes, Afghanistan et Ethiopie, totalisent 55 ans d’existence. Ça veut dire qu’ici tout est neuf, les procédures et les outils de suivie ne sont encore que balbutiants. Les employés bangladeshis ne sont que peu formés. ACF n’est quasiment pas connu dans le pays. Autant de chalenges pour mon travail.plage_1

Le mode de vie pour les expats est assez particulier, enfin je veux dire par rapport à une base ACF classique. Et oui, nous vivons à une centaine de mètres de la plus longue plage du monde, 120 km…

Nouvelle base + contexte humanitaire plus que précaire = beaucoup de boulot.

Oui mais ce qui change ici, c’est que quand on veut décompresser, on a cent mètres à faire pour se retrouver dans les rouleaux d’une mer insolemment chaude… juste un rêve pour les collègues d’Afghanistan ou du Tchad…

J’aurais tellement de choses à vous raconter sur ma première semaine, beaucoup de premières. Première visite d’un camp de réfugié, première visite d’un centre de thérapie de la malnutrition aigue sévère, et donc premier contact avec des enfants malnutris… il parait qu’on s’habitue, mais c’est dur, je ne suis pas resté longtemps. Tout l’enjeu est là : s’habituer tout en restant révolté, se blinder en gardant sa capacité d’indignation par rapport à une situation inacceptable. Mais pour l’instant, je n’en suis pas là…makeshifte1

J’ai donc pleins de choses à vous raconter, mais cet article n’est qu’une introduction. J’ai des articles dans ma tête que je vais progressivement coucher sur papier, sur le contexte humanitaire, sur les programmes qui tournent actuellement sur la base, sur le plan de contingence en cas de catastrophe naturel, sur l’urgence que nous allons probablement mettre en place dans les prochaines semaines, les moustiques, la plage, le HCR, les Enfants du Montola… enfin, j’ai des trucs à dire. La fréquence de nouveauté dans mon blog dépendra certainement de ma quantité de travail, et de la connexion Internet, quand même pas très bonne ici…

A très bientôt pour de nouvelles aventures, 

Franklin

Publicité
Publicité
transhumances humanitaires
Publicité
Articles récents
Publicité